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Apprendre à délimiter notre territoire : respect, écoute et responsabilité

  • Photo du rédacteur: Annie Charpentier
    Annie Charpentier
  • 22 févr.
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 avr.

« Tu es dans ma bulle » : Comprendre et faire respecter son territoire

Dans nos vies personnelles comme professionnelles, il nous arrive tous de sentir que quelqu’un a franchi une ligne invisible. Ce texte est né d’une situation vécue, d’un inconfort, mais aussi d’un besoin de mieux comprendre ce que sont nos limites et comment les faire respecter.


Je vous propose ici une réflexion toute personnelle, nourrie de mon vécu, de mes lectures en psychologie et de mon métier de conseillère d’orientation. Depuis quelque temps, la question du territoire personnel, et surtout comment amener les autres à respecter cet espace vital, me préoccupe particulièrement. Nous avons tous un espace où nous acceptons la présence d’autres personnes ainsi que certaines zones où les autres ne sont pas les bienvenus et c’est tout à fait normal. Dernièrement, j’ai vécu une situation qui a entraîné une remise en question chez moi. Une personne de mon entourage qui était certainement animée de bonnes intentions, est entrée à pieds joints dans ma bulle ce qui a évidemment causé des répercussions. Cette intrusion a immédiatement entraîné chez moi un malaise, une gêne et un besoin urgent de regagner mon territoire. Bien que j’ai démontré différents signaux, cette personne n’a pas été à l’écoute de ceux-ci. Elle a fait preuve d'intrusion dans mon espace, franchissant des frontières que je pensais évidentes. J’ai perçu cette attitude comme un manque de respect. Je me suis sentie envahie et cela m’a fait vivre de la colère et de l’impuissance. Étant donné la nature du lien avec cette personne, j’ai dû évaluer les différentes réactions possibles et me positionner pour intervenir de la façon la plus adéquate à ce moment. Il s’agit d’une histoire, tout ce qu’il y a de plus banale, qui est sans doute déjà arrivé à tout le monde. Ce genre de situations survient fréquemment dans nos vies et provoque un certain malaise. Cette expérience m’a amenée à prendre un pas de recul et à analyser le sens de cet événement, principalement à mieux comprendre mes réactions. J'ai alors commencé à réfléchir à l’établissement de notre territoire personnel, à son importance et aux enjeux que cela entraîne. Mon intention ici, est de proposer une réflexion sur ce thème et de partager quelques pistes autour des responsabilités personnelles que nous avons face à la délimitation de notre propre territoire.


Nous entendons souvent parler de l’importance de mettre nos limites, d’accord, qu’est-ce qu’une limite? Selon différentes recensions d’écrits en psychologie, une définition qui semble globalement utilisée serait: Les délimitations, entre autres, psychologiques, physiques, intimes, qui servent à protéger notre intégrité. Ainsi, nous pouvons penser qu’il s’agit d’une zone, la place que nous prenons et dans laquelle nous interagissons avec notre environnement. Il s’agit d’un espace où l’on se sent plus ou moins à l’aise selon la proximité des autres ou les interactions avec notre environnement. Nous pouvons alors déterminer ce qui est autorisé, toléré ou interdit afin de maintenir notre sentiment de sécurité. Cette définition est assez générale. En creusant un peu plus le sujet, on réalise toutefois que la réalité est bien plus complexe. Nos limites personnelles se heurtent parfois à celles des autres, et c’est à cet endroit de chevauchement que les malentendus surgissent. C’est là que tout se complique. Chacun a sa personnalité, ses besoins, ses valeurs et chacun a sa façon de prendre sa place dans le monde selon sa personnalité, ses apprentissages et ses expériences. Il devient facile pour chacun d’empiéter sur le territoire de l’autre, même sans s'en rendre compte. Ainsi, tout n’est pas noir ou blanc, nous naviguons dans toute une palette de gris. Nos limites ainsi que notre niveau de tolérance varient selon la situation, l’endroit, les types de relations, les personnes avec qui nous interagissons, le stade de vie dans lequel nous sommes rendus, … Bref, les limites sont influencées par une multitude de facteurs.


Quand je parle de "limites", il me vient spontanément en tête cette image très concrète de ma bulle. Ce petit espace invisible qui m'entoure et dans lequel je me sens bien, en sécurité. Pour d’autres, on parlerait d’espace personnel ou d’espace vital. Peu importe le terme, l’idée est la même, c’est ce territoire intime, psychologique, physique, où l’on choisit qui peut entrer, quand, et comment. C’est à partir de cette idée toute simple, mais essentielle, que j’ai voulu réfléchir. Ce sont ces termes que j’utiliserai pour nourrir mes réflexions. Lorsque quelqu’un entre dans notre bulle ou empiète sur notre territoire, on se sent envahi, on sent que l’autre nous manque de respect et on peut vivre un sentiment momentané de perte de contrôle. Ce sentiment d’envahissement provoque des émotions négatives, notamment la colère. Trop souvent perçue comme une émotion à éviter ou à réprimer, la colère est pourtant un signal précieux. Elle agit comme une alarme intérieure qui nous informe qu’une frontière a été franchie, qu’un besoin fondamental n’est pas respecté. Plutôt que de la juger ou de la taire, il peut être utile de l’accueillir comme un messager qui nous invite à porter attention à ce qui ne va pas. Dans ce contexte, la colère devient une alliée : elle nous aide à identifier l’envahisseur, à clarifier notre position et à poser des actions pour regagner notre terrain. Encore faut-il apprendre à l’écouter, à la décoder, et à l’exprimer de manière constructive.


Le respect : une responsabilité partagée

Le respect naît de la reconnaissance des frontières personnelles, donc il implique une responsabilité partagée. D’une part, il est nécessaire de définir clairement nos frontières; d’autre part, il est tout aussi essentiel de respecter celles des autres. Quand nos frontières sont franchies, plusieurs scénarios peuvent expliquer cette intrusion. Voici trois situations fréquentes qui méritent d’être explorées:


Absence de définition personnelle : Si nous ne savons pas clairement où commence et où finit notre espace vital, il est difficile pour les autres de le deviner. Alors, les gens peuvent avoir tendance à empiéter sur notre territoire comme par exemple, à faire des demandes inappropriées, à déverser leurs états d’âme alors que nous n’avons pas le temps ou l’énergie de porter attention, à prendre nos objets sans demander la permission, à s’imposer dans un moment inadéquat, etc. Les autres ont alors tendance à empiéter sur notre territoire car celui-ci n’est pas clair ou n’est pas défini. Ainsi, il est de notre responsabilité d’établir le contenu de notre territoire et de le faire respecter. J’admets que dans certaines situations, ça demande une bonne dose de courage pour faire respecter sa bulle.


Manque d’écoute de l’autre : Dans certaines situations, les gens peuvent ne pas être attentifs à nos signaux ou ne pas comprendre que certains comportements nous dérangent. Plusieurs éléments peuvent expliquer ce type d’intrusion. Il peut s’agir de manque d’habiletés relationnelles, un manque d’attention, un faible niveau d’écoute et/ou une difficulté à décoder les signaux. Bref, dans ce type de situations, il peut s’avérer intéressant d’utiliser des stratégies de communication claires afin de nommer la situation et les impacts causés par cette attitude. Généralement, l’autre personne démontrera une ouverture, sera encline à échanger et portera attention lors d’une prochaine situation.


Refus intentionnel des limites : Dans certaines situations, il y a des gens qui ignorent volontairement nos frontières, souvent par manque d’égard pour l'autre. Ce scénario relève un refus conscient de respecter les règles ou encore de prioriser ses propres besoins au détriment de ceux des autres. Dans ce cas, il peut devenir nécessaire d’utiliser une attitude plus directe, une communication claire ou parfois même, de prendre de la distance pour protéger son intégrité.


Prendre ses responsabilités et tracer ses frontières


Définir ses limites est un processus réfléchi. Voici quelques outils pour y parvenir :

  • Se connaître soi-même : Identifier nos besoins, valeurs et priorités. Qu'est -ce que je veux? Quelle est mon intention?

  • Définir ses balises avec courage : Être clair sur ce qui nous convient ou non. Jusqu'où je peux tolérer un élément et où ça ne passe plus? Ce n'est pas toujours facile car établir une frontière peut entrainer des conséquences, nous devons être prêts à y faire face.

  • Communiquer ses limites : Exprimer nos attentes de manière explicite. Faire connaître nos frontières aux gens qui nous entourent de façon claire et se préparer à jongler avec des réactions possibles.

  • Réévaluer ses frontières : Évaluer et adapter les frontières en fonction des contextes et des situations, des gens. Les situations évoluent avec le temps, les types de relations, notre niveau de tolérance, etc.

  • S’appuyer sur ses intentions : Gardez en tête nos objectifs pour renforcer notre détermination. Ainsi, bien se connaître et établir nos besoins facilite la détermination à maintenir ce qui est important et à trouver des arguments pour le faire respecter.


Conclusion

Prendre conscience de notre territoire personnel et en établir les frontières, c’est faire preuve de respect envers soi-même autant qu’envers les autres. Bien sûr, c’est un exercice qui peut provoquer du malaise ou la peur de déplaire. Mais s’affirmer avec bienveillance est essentiel pour prendre sa place dans le monde. C’est une compétence qui demande du courage, de la clarté et une volonté de bâtir des relations plus saines et plus authentiques.


«Se connaître, nommer, s'ajuster : trois actions simples, mais puissantes pour préserver son espace personnel.»

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